Drôles d'idées

Publié le par Patrick d'Elme

Alors qu'il se confirme de toutes parts ce que j'annonce depuis longtemps, et bien avant la création de ce blog, notamment dans la presse économique (Les Echos, La Tribune), à savoir l'inexorable déclin en France des hypermarchés, deux déclarations à la presse de décideurs économiques, et non des moindres, me font douter qu'ils soient en prise sur le réel.

La première émane de Bernard Arnault, qui convient que sa prise de participation dans Carrefour "n'a pas été sa meilleure affaire", mais qui imagine une relance possible de la formule par un renouvellement de l'offre textile. Certes, la presse indique qu'il commence tout juste à visiter "ses" magasins (après avoir perdu un milliard d'euros, il était temps en effet, peut-être même eut-il dû le faire plus tôt...) , mais il faudrait lui conseiller d'une part de visiter aussi les galeries marchandes qui regorgent d'enseignes compétentes sur ce secteur, et d'autre part de s'intéresser à l'historique des parts de marché des hypers dans le textile. 
Chez Carrefour, en dépit de multiples tentatives pour couvrir le segment d'une hypothétique "mode populaire" toutes vouées à l'échec, le textile n'a jamais dépassé 12 à 13% du C.A. des magasins. Parce que les fondamentaux de ce métier, c'est-à-dire la rotation très rapide des collections, telle que le pratiquent les Zara, H & M et consorts, sont aux antipodes de ceux de Carrefour. Pour être honorable dans le textile, l'hyper doit présenter une offre très professionnelle dans le permanent : le "blanc" (devenu coloré avec le temps, draps, éponges..., et qui n'est plus "saisonnier"), les sous-vêtements, chaussettes, collants, tee-shirts (et ça devient, parce que l'offre complète est rare, un réel facteur de venue), des chemises, jeans... Le savoir-faire de M. Arnault, incontestable dans l'industrie du luxe, ne sera pas d'un grand secours à Carrefour.

La seconde provient d'un personnage moins connu, Christophe Cuvillier, 45 ans, mais cependant Pdg de la Fnac, ce qui n'est pas rien. Cet ami de François-Henri Pinault, qu'il a connu "en 1982, sur le campus d'HEC", va "multiplier les ouvertures de magasins en France dans les zones de chalandise où nous n'étions pas, notamment dans des centres commerciaux à la périphérie des agglomérations." Etonnant, non ?

Plus étonnant encore, le même jeune Pdg pense qu'il "y a d'autres types d'articles sur lesquels nous ne sommes pas assez forts et sur lesquels nous devons nous développer; c'est le cas des jeux video et des produits dérivés autour de la musique: tee-shirts, badges, figurines..."

André Essel, le fondateur de la Fnac, doit se retourner dans sa tombe !
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article